La raison d'abord ?
A l’école, j’ai toujours adoré l’histoire, et le français.
J’ai donc fait un bac scientifique.
Bon ok, j’aimais aussi beaucoup les Sciences de la Vie et de la Terre comme on disait « à l’époque » ! Mais je détestais tout le reste (maths, physique, chimie, informatique… beuuuuurk!)
Donc bac S. C’était le premier choix de raison, concernant mon orientation.
Oui, parce que « à l’époque », les bons élèves faisaient un bac S. Point.
Après le bac, je suis quand même retournée à mes premiers amours, en prépa Lettres et Sciences Humaines.
Un choix à la fois de cœur (je quittais le scientifique yiiiha !), mais aussi de raison : je n’allais pas dans n’importe quelle filière littéraire. Je rentrais dans la crème de la crème des études supérieures, les Classes Préparatoires aux Grandes Écoles, dans un lycée réputé.
Et puis pas que littéraire, il y avait quand même le mot “Sciences” dedans, toutes Humaines qu’elles soient !

C’est là que je l’ai découvert, les sciences « molles », les « sciences des humains ».
Les sciences pour les non-scientifiques.
Pour les rêveurs et les anticonformistes.
Sauf que le cursus n’a strictement rien d’anticonformiste. Bien au contraire.
Les cours de sciences sociales sont vite devenus ma bouffée d’oxygène, dans ce monde impitoyable de la « fabrique des élites ».
Je n’ai pas fait de Grande Ecole après khâgne. Comme tous ceux qui n’ont pas su se transformer en requin, je suis partie à la fac. (ce n’est pas une critique, j’ai beaucoup d’admiration pour les requins, les vrais !)
J’avais choisi ma voie : un pied en anthropologie et l’autre en sociologie.
Je m’étais prise de passion pour l’anthropologie en prépa, pour cette étude structurale des petits groupes d’humains. Je la trouvais tellement plus intimiste, proche, et vraie que la sociologie que je voyais tirer de grands principes généraux (non moins passionnants!)… mais l’anthropologie, vue du haut de mes 20 ans, ça n’allait pas remplir mon assiette.
J’ai donc suivi un cursus en anthropologie « pour le plaisir », et en sociologie « pour de vrai » en croisant très fort les doigts pour pouvoir en faire un métier.
Mon deuxième choix de raison.
Puis au moment de choisir mon Master, il a aussi fallu faire preuve de rationalité.
Fini l’anthropologie, je ne pouvais pas suivre en même temps deux masters sérieusement.
En sociologie, ma soif d’apprendre, de comprendre, de creuser toujours plus m’attirait fort vers la recherche. Mais les débouchés y sont infimes. Et à Bordeaux, le département de sociologie étant intégré à la fac de médecine, si l’on ne faisait pas de sociologie de la santé, peu de chance d’avoir une bourse de recherche.
Tant pis pour la recherche, je m’oriente vers l’intervention, dans le cursus Problèmes sociaux et action publique.
Mon dernier choix de raison sera le choix de ma spécialisation, en dernière année.
J’avais axé mon parcours universitaire sur le genre, avec un mémoire sur la construction du genre à l’école maternelle, puis un mémoire de master sur la transformation sociale de la paternité.
Ce qui me passionne dans la sociologie c’est l’analyse et la compréhension des mécanismes sociaux, des dynamiques de groupes, des forces sociétales qui construisent les individus.
Mais en 2012, personne ne parlait de genre, si ce n’est les débuts de visibilité du « phénomène transgenre » comme on l’appelait. La place était prise.
Alors une dernière fois, je me suis orientée en suivant ma rationalité. Là où les débouchés étaient les plus nombreux et les plus viables (enfin ça reste de la sociologie, tout est relatif quand on parle débouchés !).
J’avais l’habitude de dire que j’étais passée du côté obscur de la force (ça en dit long sur ma vision des choses non?). Du côté de la sociologie du travail et des organisations. Du monde mercantile, antisocial, corrompu par l’économie de marché.

Puis la suite s’est déroulé en toute logique.
Mon stage de fin d’étude et mon mémoire sur les générations au travail m’ont permis de décrocher mon premier emploi, dans une association régionale pour l’amélioration des conditions de travail.
J’y suis restée 8 ans.
J’ai adoré mon travail, les projets que je menais, l’autonomie et la prise d’initiative qui m’étaient offertes, les partenaires avec qui j’ai eu la chance et le plaisir de travailler en local comme au national, la stimulation intellectuelle sur des projets novateurs, la pluridisciplinarité, les débats d’idées et de concepts… Et j’ai adoré mes collègues.
Le hasard avait bien fait les choses, j’avais trouvé le travail parfait pour moi.
Celui qui combinait des phases de recherche avec les universitaires dont je lisais les livres à la fac et des intervenants nationalement reconnus, puis des phases d’expérimentations à chercher, tester, améliorer sur le terrain dans de petites entreprises locales, de la Dordogne au Pays Basque, à construire des projets territoriaux qui (au moins sur le papier) servaient l’amélioration de la vie de tous les travailleurs, à tous les niveaux hiérarchiques.
Et pourquoi ne pas continuer dans ce job alors ?
Évidemment ce n’était pas un job parfait, il y avait aussi pas mal de points noirs.
Mais je ne continue pas parce que ce serait un choix de raison trop douloureux pour l’instant, après ce que j’ai traversé (et que je traverse toujours un peu encore).
Je choisis aujourd’hui de privilégier ma santé et mon bien-être.
Au détriment de la sécurité et du train-train rassurant d’un boulot salarié. En conscience.
Je ne regrette absolument pas mes choix.
Même ceux fait à l’encontre de ce que je voulais vraiment faire.
J’ai fait des choix de raison quand j’avais besoin de sécurité, d’un cadre rassurant, de rester dans une certaine zone de confort.
Et c’est ce qui m’a permis d’avancer aussi.
J’ai connu des phases où j’avais l’impression d’être passée à côté de ma vie, d’avoir suivi une voie que d’autres voulaient tracer pour moi.
Je ne suis passée à côté de rien du tout.
Tous les choix que j’ai fait m’ont construite telle que je suis aujourd’hui.
Et ce sont aussi tous ces choix de raison qui me donnent l’opportunité et l’envie aujourd’hui, de privilégier les choix de cœur. Tant que je le peux.
Alors… j’ai raison ? 🙂
“ Choix et conscience sont une seule et même chose “
Jean Paul Sartre, L’Etre et le néant
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